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Je

Le singulier pluriel

Le mot a perdu son S dans un mouvement d’effroi

Le langage abrite les alphabets

dans son orphelinat

Les signes se cognent

pour trouver leur légitime

Je pense. Je pensais. Je pense

Je pense à cette phrase. Être nu, c’est être sans langage

Je pense à cette peau donnée à la naissance

Un voile invisible venant recouvrir le premier cri

J’imagine. J’imaginais. J’imagine.

J’imagine les organes du langage

Ma bouche   Mes yeux   Ma peau    Mes oreilles    Mon nez

Le langage fait ses sélections

Les aiguilles sont venues coudre les limites du corps

Sans pouvoir s’y résoudre

Coudre .Dé. Coudre

ON

voudrait percer l’origine

ON

se projette

ON

voudrait être le corps de la vague

J’imagine. J’imaginais. J’imagine.

Le langage comme la première ombre tracée

Un visage dépossédé

L’ombre retenue

L’image de vie

L’image paradoxe

L’acte veut garder la mémoire

de son propre souffle

L’acte veut s’étendre,

hors de lui.

L’acte veut connaître ses limites

sans pouvoir s’y résoudre

L’acte veut se reconnaître

s’envisager dans son écho

L’acte veut garder la trace

de sa propre empreinte

au monde

J’imagine. J’imaginais. J’imagine.

les organes du langage comme des

CLAPETS

à double sens d’entrée et de sortie

Je pense, je pensais, je pense

à cette expression :

‘ je suis en forme ’

Je pense aux mots qui jouent

La forme

Je pense aux mots qui déjouent

L’informe

J’imaginais cette phrase d’apparence anodine

à

La forme

comme une autorité

Le bien-être se fait prier

dans des images autoritaires

La publicité

Les nouveaux mythes

Les corps se fixent

se jouent et se déjouent

quand le mythe éclate

Les nouveaux corps supportent mal le glissement interminable

de fragments

Les nouveaux corps n’existent pas.

Semblables dans leur volonté d’être

Les corps se raccrochent

à une image qui sculpte

à un mot qui enveloppe

Les corps supportent mal

l’indéfinition

Les glissements de sens

Ils s’imaginent qu’ils doivent être nés,

une fois pour toutes

 pour toutes les autres

les oubliées

L’image du corps ne se justifie pas

Le mystère

Le visage joue figure d’autorité

Figure informe

Je jubile de la grimace que je fais dans le noir

et dans la foule

sans que personne ne

Me voit

La vision du corps

l’image

Le hasard dicte les normes

La beauté et la laideur se rejoignent par strabisme convergent

L’objectivité sur la subjectivité

LES CLAPETS

La subjectivité sous l’objectivité

La mémoire du corps est une écorce mentale

Mon clapet s’affole

La mémoire du corps est une escorte mentale

J’imaginais le langage comme une

Peau sacrée

comme une incarnation de l’idée de l’origine

comme une préparation à la mort dans sa vie même

Les tentatives

La peau est. Était. Est.

devenue l’idée transitoire

de toutes les transitions

Sans pouvoir se faire reconnaître.